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La rhinopneumonie équine

La rhinopneumonie équine

 

 

Cet article est proposé par le Docteur Clémence Loublier (en collaboration avec le Docteur Carla Cesarini, spécialiste européen en médecine interne équine, ECEIM)

Depuis quelques semaines de nombreux cas de rhinopneumonie (liée à l'herpès virus équin HVE-1) sont recensés en Europe (France, Belgique, Espagne, Allemagne…) entrainant des annulations de concours et des symptômes plus ou moins graves chez les chevaux. Cette situation nécessite quelques explications sur ce virus.

 Qu’est-ce que l’HVE-1 ? Comment se transmet-il ?

L’HVE-1 fait partie des 5 herpèsvirus pouvant infecter les équidés. La majorité des chevaux adultes ont été en contact avec les herpèsvirus équins 1, 2, 4 et 5 à un moment de leur vie. L'HVE-1 peut se transmettre dans l’air jusqu'à cinq mètres par la toux, mais aussi par contact direct, via des personnes et des équipements partagés. Le virus infecte dans un premier temps les voies respiratoires et après quelques jours il peut se retrouver dans le sang lui permettant d’atteindre d’autres organes (ex : utérus, système nerveux...). Après une infection les chevaux mettent en moyenne 4 à 7 jours pour montrer des signes cliniques. Une fois dans l’organisme, le virus a la capacité de se « cacher » et peut réapparaitre lors d’une baisse d’immunité du cheval.

 Quand faut-il suspecter une infection à HVE-1 ?

Dans la plupart des cas, les chevaux infectés par le HVE-1 ne présentent pas de symptômes ou présentent des signes cliniques légers et non spécifiques d'infection (par exemple fièvre). Certains chevaux peuvent développer des symptômes principalement respiratoires (écoulement nasal, gonflement des ganglions lymphatiques, toux, apathie, perte/absence d’appétit, œdème des membres et / ou de l'abdomen…). Certains chevaux peuvent présenter une perte de performance significative après avoir été infectés. Une autre présentation clinique de la maladie se traduit chez les juments par des avortements au cours du dernier tiers (> 7 mois) de gestation. L’avortement peut avoir lieu dans les 9 jours à 4 mois, suivant la contamination. Dans un cheptel non vacciné, on peut observer jusqu’à 80 à 90% d’avortements. Les juments atteintes n'ont généralement pas de séquelles reproductives après un avortement. Rarement, le poulain peut naître infecté par le virus, présentant un syndrome respiratoire sévère avec une jaunisse (secondaire à une nécrose sévère du foie). Le virus peut également affecter les étalons qui peuvent développer un œdème scrotal, une perte de libido et une qualité réduite du sperme. La forme neurologique ou encéphalomyélite est la présentation clinique la moins courante mais la plus dévastatrice. Les symptômes apparaissent soudainement et ne sont généralement pas accompagnés de problèmes respiratoires. Les chevaux présentent généralement une faiblesse, un manque de stabilité, une incoordination (principalement de l'arrière-train), des difficultés à se tenir debout, une incapacité à uriner / déféquer, une queue faible… Le pronostic dépend de la sévérité des symptômes neurologiques, ceci étant bon pour les chevaux qui restent debout et mauvais pour ceux couchés, incapables de se lever après 48 heures de traitement. D'autres tableaux cliniques associés au HVE-1 incluent des symptômes ophtalmologiques inflammatoires (ex : uvéite)

 Comment confirmer l’infection ?

Un cas suspect d'infection à HVE-1 peut être confirmé par isolement et identification du virus, par détection de son matériel génétique (PCR) ou par confirmation d’une augmentation des anticorps contre le virus après infection (sérologies couplées). En général, pour confirmer une infection HVE-1 active chez un animal présentant des signes cliniques compatibles, les échantillons suivants sont recommandés.

a) écouvillon nasal (dans un milieu de stockage viral ou tube sec) et du sang dans un tube EDTA, pour l'identification virale par analyse PCR,

 

b) sérums couplés (15-21 jours) pour l'identification des anticorps.

 

Un résultat négatif n'exclut pas l'infection, mais si l'animal ne libère pas activement le virus, la transmission à d'autres chevaux est moins probable. L'analyse du liquide céphalo-rachidien des chevaux présentant des symptômes neurologiques causés par EHV-1 peut guider le diagnostic permettant ainsi d’exclure d’autres maladies qui pourraient causer des symptômes similaires. La confirmation de l'infection peut également être effectuée à partir d'échantillons obtenus lors de l'examen postmortem des animaux atteints (ex : fœtus avortés, tissu pulmonaire, tissu nerveux…).

 Est-il nécessaire de traiter l’infection ? Comment la traiter ?

La maladie respiratoire causée par le HVE-1 est le plus souvent autolimitante, elle n'est donc généralement pas traitée ou, à défaut, un traitement symptomatique peut être administré. En règle générale, il est recommandé de laisser l'animal au repos (1 semaine pour chaque jour de fièvre). Si cela est jugé nécessaire, des antibiotiques de première intention peuvent être administrés pour traiter une éventuelle infection bactérienne secondaire. Chez les juments qui ont avorté, le système reproducteur doit être examiné pour vérifier l'absence de rétention placentaire ou d'infection utérine, mais en principe un traitement spécifique n'est pas nécessaire pour l'infection virale, qui sera également autolimitante. Un cheval atteint d'encéphalomyélite à HVE-1 nécessitera une prise en charge plus complexe reposant principalement sur un traitement symptomatique et de soutien. Si le cheval a du mal à se tenir debout, les mesures générales de prise en charge pour un cheval couché seront applicables (environnement calme, lit abondant, protection de la tête et des membres, gel ophtalmique, changement de position ...) pour prévenir les complications courantes (ulcères cornéens, escarres, pneumonie bactérienne secondaire, dommage de nerfs et muscles...). Une vidange périodique du rectum et de la vessie est souvent nécessaire et une antibiothérapie de base est recommandée pour éviter une cystite secondaire. Un des objectifs du traitement symptomatique est de réduire l'inflammation secondaire à la vascularite produite par le virus en utilisant des anti inflammatoires systémiques. Des médicaments antiviraux peuvent être utilisés tôt dans la phase d’infection mais leur efficacité n’est pas optimale.

 

 

 

Quelques conseils pour la gestion d’une enzootie à l’écurie ? Un bon programme de contrôle pour prévenir les épidémies d'HVE-1 repose sur 3 points essentiels : 1) empêcher la maladie d'entrer dans l’écurie, 2) limiter la propagation et, 3) empêcher la diffusion aux écuries voisines.

 

 Pour cela nous recommandons de : 

Limiter/arrêter les mouvements (entrées et sorties de l’écurie) 

Se laver les mains avant de toucher un cheval (eau + savon ou gel hydroalcolique) et désinfecter le matériel utilisé

Suivre la température de chaque cheval 2 fois par jour (T° normale : < 38,5°C) 

Isoler les animaux suspects (fièvre, toux, jetage nasal, anorexie, abattement, etc).Tout cheval présentant des symptômes respiratoires, de la fièvre ou des signes neurologiques doit être considéré comme contagieux et doit être isolé pendant au moins 3 semaines. Dans la mesure du possible, la zone d'isolement doit être éloignée des zones de circulation, d'animaux ou de personnes. 

Tester les animaux qui font de la fièvre (recherche du virus). Les chevaux asymptomatiques qui peuvent avoir été en contact avec des animaux excréteurs doivent être isolés et étroitement surveillés. 

Instaurer un circuit de soin (nourrir, nettoyer les chevaux sains en premier, avant les suspects et les malades en dernier) 

Destruction du matériel biologique contaminé sous conseils de votre vétérinaire (placenta, fœtus avorté) 

Programme de vaccination adéquat. La vaccination doit être réalisée chez les chevaux strictement sains. Il est impératif de rappeler qu’un cheval aura une immunité maximale environ 10 jours après la 2 ème injection (« booster ») donc il n’est pas recommandé de vacciner les chevaux qui sont en quarantaine. Les chevaux des écuries voisines peuvent commencer la première dose ou le rappel des chevaux en bonne santé. Gardez à l'esprit que certains chevaux vaccinés pour la première fois répondent par un gonflement au site d'injection et / ou une fièvre pendant 1 à 2 jours. En général, les chevaux qui ont reçu une injection de vaccin doivent être au repos pendant 1 à 2 jours, puis doivent suivre un programme d'exercice léger pour le reste de la semaine.

 

 Un dernier conseil pour la prévention ? La vaccination contre le HVE-1 (et le HVE-4) est possible et permet de renforcer l’immunité de l’individu et du groupe contre le virus. Les vaccins ne protègent pas à 100% mais réduisent la circulation du virus dans le sang, la gravité de certains signes cliniques, et diminuent l'excrétion virale, réduisant ainsi la contagion.

Cet article est rédigé par : Docteur Clémence Loublier, Résidente en médecine interne équine www.cvu.uliege.be 00 32 4 366 41 03

 

 Cet article est rédigé par le  Docteur Clémence Loublier, 

                                         Résidente en médecine interne équine

                                         www.cvu.uliege.be 

                                         Tél :00 32 4 366 41 03

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