Article par proposé par  Caroline Ribonnet - Clinique De Morette

Les chevaux sont sensibles aux ulcères d’estomac. Bien que les symptômes puissent parfois être vagues, les ulcères d’estomac peuvent entraver considérablement le confort des poulains et des chevaux adultes et réduire les performances sportives. Des recherches ont même montré que même les chevaux sans symptômes prononcés peuvent avoir un léger degré d’ulcères à l’estomac.

Les chevaux en cours d’entraînement (intensif) sont particulièrement sensibles à cette maladie. La gastroscopie, qui consiste à regarder avec une caméra en passant par le nez jusque dans l’estomac, est le seul moyen de détecter des ulcères d’estomac et d’estimer le degré des lésions. La prévention et le traitement des ulcères d’estomac sont importants pour maintenir les chevaux en condition optimale.

Pourquoi les chevaux ont-ils des ulcères d’estomac?

Les ulcères d’estomac sont des érosions au niveau de la muqueuse de l’estomac. L’acidité gastrique affecte la paroi de l’estomac et l’intégrité de la muqueuse est atteinte. Différentes causes et facteurs prédisposants sont décrits chez les chevaux, mais c’est principalement une combinaison de différents facteurs qui cause ces ulcérations. Contrairement aux humains, où les infections bactériennes avec Helicobacter pylori jouent un rôle, ceci n’a pas été démontré chez les chevaux.
La muqueuse gastrique est constituée de deux parties délimitées par ce que l’on appelle « margo plicatus » (voir fig. 1). La partie glandulaire est responsable de la production d’acide gastrique et d’enzymes digestives. La partie non glandulaire, ou partie squameuse, de l’estomac consiste en une simple couche protectrice de cellules keratinisées. La muqueuse glandulaire gastrique, en revanche, est capable de se protéger contre la digestion et les acides par la production de mucus et de substances diverses, mais également par une bonne circulation sanguine. Des ulcères gastriques peuvent être présents dans les deux parties de l’estomac si la production d’acide est trop élevée ou si les mécanismes de protection de la muqueuse gastrique sont entravés. La « margo plicatus » est l’endroit où les ulcères d’estomac sont les plus répandus (voir Fig. 2)

La production d’acidité gastrique chez le cheval est continue, contrairement à celle observée chez l’homme où elle ne se déclenche que lorsque l’on mange (voir Fig. 2). Une consommation alimentaire continue, en particulier de fibres, est donc importante car les fibres ont un effet tampon sur l’acidité gastrique (voir Fig. 3). D’autre part, les grains et les niveaux élevés de sucre et d’amidon dans les aliments pour animaux entraînent une production d’acide accrue dans l’estomac, en particulier s’ils sont administrés en grande quantité par repas.

Les chevaux à l’entraînement intensif et prolongé sont également plus sensibles aux ulcères d’estomac. Les trotteurs, les chevaux de course et d’endurance constituent la population la plus touchée. Selon les recherches, jusqu’à 70% de ces chevaux peuvent présenter des ulcères d’estomac.
Le stress (transport, maladie, etc.) et les anti-inflammatoires réduisent également la capacité de protection de la région glandulaire, augmentant le risque d’ulcères.

Fig. 3 : Les fibres dans le fourrage comme le foin, l’herbe ou le préfané ont un effet tampon et protègent la muqueuse gastrique contre les érosions causées par l’acidité. C’est pour cela qu’un cheval doit pouvoir manger des fibres en continu pour éviter les ulcères

Quels sont les symptômes?

Les symptômes des ulcères d’estomac sont vagues et ne sont pas toujours remarqués. Beaucoup de chevaux souffrant d’ulcères d’estomac ne présentent que des symptômes subcliniques qui peuvent passer inaperçus. Il existe également une différence entre les symptômes chez les chevaux adultes et les poulains.
Les chevaux adultes souffrant d’ulcères à l’estomac peuvent présenter une perte d’appétit, une somnolence, des changements de comportement (morsures ou flehmen), une perte de poids, une gêne après les repas, une perte de performance, un pelage médiocre et, dans le pire des cas, les chevaux présentent des coliques récurrentes et se couchent beaucoup.
Les poulains sont plus sensibles et présentent souvent des symptômes plus typiques. Ils peuvent avoir des coliques, se rouler sur le dos, de la diarrhée, une perte d’appétit, saliver et grincer des dents.

 Fig 4: Estomac normal. La partie squameuse a un aspect blanc homogène, on l’appelle aussi la partie kératinisée de l’estomac. La partie glandulaire a un aspect rose foncé homogène. Au niveau de la margo plicatus, les ulcères d’estomac sont les plus fréquents.

Le diagnostic

La gastroscopie est actuellement la seule méthode fiable pour diagnostiquer les ulcères d’estomac et surveiller les effets du traitement. On passe ainsi par le nez dans l’œsophage jusqu’à l’estomac avec une caméra. Le cheval doit être à jeun depuis au moins 12 heures et ne pas boire pendant quelques heures avant la gastroscopie. Ceci est important pour pouvoir voir à la fois l’entrée et la sortie de l’estomac. Pour effectuer la gastroscopie, le cheval est d’abord anesthésié. Une fois le gastroscope inséré dans l’estomac, du gaz est insufflé pour permettre à l’estomac de se dilater et de visualiser la paroi de l’estomac. On vérifie ainsi toute la paroi de l’estomac pour évaluer les lésions au niveau des deux parties de l’estomac (voir figures 4, 5, 6, 7).

Traitement et prévention des ulcères

Le traitement des ulcères d’estomac consiste, d’une part, à administrer des médicaments visant à réduire la production d’acide gastrique et, d’autre part, à s’attaquer aux divers facteurs prédisposants.

Médication

Il existe divers médicaments qui réduisent la production d’acide gastrique. L’oméprazole est l’inhibiteur de l’acide gastrique le plus étudié et utilisé chez les chevaux. L’oméprazole (Gastrogard®, Ulcergold®, Pepticure® …) peut être administré aux chevaux sous forme de pâte. Selon le poids du cheval, il est administré une fois par jour, de préférence le matin avant le premier repas. La localisation et la gravité des blessures détermineront la durée du traitement ainsi que la nécessité éventuelle de médicaments supplémentaires.
Le seul moyen de vérifier l’effet du traitement est de répéter la gastroscopie. Le suivi du cheval souffrant d’ulcères d’estomac est donc d’une importance capitale pour la guérison.

Alimentation et gestion

De plus, une attention particulière doit être portée à la gestion du cheval pour la prévention des ulcères d’estomac.
Comme mentionné ci-dessus, l’alimentation du cheval joue un rôle important.
Idéalement, le cheval reçoit chaque jour un nombre illimité de fibres de bonne qualité telles que le foin, le préfané, l’herbe, etc. Les recherches montrent que la paille n’est pas une source de fibres appropriée pour les chevaux souffrant d’ulcères d’estomac.
Des précautions doivent être prises avec les concentrés; les quantités doivent être limitées aux besoins stricts du cheval et il est préférable de les répartir sur plusieurs petits repas afin de limiter la teneur en amidon et en sucre par repas. Il est également possible d’opter pour des produits riches en fibres contenant moins de sucres que les « concentrés sport » traditionnels. Suivez les conseils de votre vétérinaire pour faire les ajustements nutritionnels correctement.
En outre, il est recommandé de tenter de réduire le stress et d’adapter l’entraînement à la condition du cheval. Par exemple, autorisez votre cheval à des sorties en liberté fréquentes et longues et favorisez le contact direct avec d’autres chevaux.

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